NickBangO
“En revanche la transformation en fichier numérique des mises en page papier peut-être effectivement très bon marché si l’éditeur a pris soin d’inscrire ses processus dans une logique de publication multiformats et multisupports. C’est possible avec InDesign, Xpress, Scribus, encore faut-il que l’éditeur fasse l’effort de formation nécessaire. Sinon, la réalisation des fichiers n’est pas si simple et il est plus réaliste de s’adresser à un prestataire extérieur qu’il faudra payer, bien sûr.”
Hum, ouais, attention quand même avec InDesign, Quark et consorts qui sortent des fichiers à la qualité plus que médiocre même si on suit des directives ultra strictes pour atteindre une qualité maximale. Si personne n’intervient à la main derrière pour corriger les absences et lacunes de ces softs, autant balancer une prière en espérant qu’aucun lecteur ne va souffrir de bugs.
Je parle d’expérience, c’est mon boulot, et un presta qui n’intervient pas sur un fichier après export iD, Xpress, etc., c’est un mauvais presta, formé ou pas (les évangélistes, surtout du côté de chez Adobe, qui interviennent souvent dans ces formations, sont très forts pour faire croire que tout va bien alors que le logiciel a des lacunes monstrueuses au niveau de l’export EPUB… et qu’il faudra des années aux développeurs Adobe pour proposer quelque chose de correct).
Pour illustrer, InDesign n’exporte même pas une feuille de styles CSS parfaitement adaptée à son propre moteur de rendu, utilisé par 90 % de l’industrie, ces mêmes feuilles de styles ne respectent pas un principe de base du langage : l’héritage. Je ne parle même pas du support HTML ultra déficient puisqu’on ne peut pas viser l’objectif de balisage sémantique correct…
Je dis ça, je dis rien, mais InDesign et Quark, les vrais pros du livre numérique le subissent plus qu’autre chose. Et je dirais même que dans certains cas, ils peuvent faire augmenter le coût de la prestation. Une bonne fois pour toutes, ces logiciels sont des plaies, et il y a des professionnels très compétents qui disposent de workflows ultra performants pour gérer le numérique en même temps que le papier, sans utiliser du tout ces logiciels… Et les éditeurs qui en bénéficient ne s’en portent franchement pas plus mal. Ça ne fera pas plaisir que évangélistes Adobe, mais si ceux-ci préfèrent perdre leur temps à produire des bouquins dont ils auraient honte en papier (par comparaison), grand bien leur fasse puisqu’ils nous refilent des clients mécontents.
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Gilles Colleu
Oui… et non !
Évitons le manichéisme Indesign vs “tout à la main”.
Moi aussi je travaille dans la partie ;-) et réalise et fais réaliser quelques centaines (milliers ?) d’epub par an : reflow, fixed, epub3, scripted, etc. : les soi-disant prestataires spécialisés sont aussi capables de fournir un code immonde avec des css plus longues que le texte lui-même !Bien sûr, une mise en page mal faite, avec des blocs partout, pas de styles, etc., produira un epub particulièrement mauvais et inutilisable s’il est directement exporté.
Mais le problème d’Indesign, par exemple, n’est pas tellement sur l’export de l’epub mais de la manière dont sont formés les fichiers : si vous utilisez correctement les styles de paragraphes, caractères, tableau, objets, etc., et que en plus vous utilisez une CSS externe réalisée selon les règles de l’art, je vous assure que vous obtenez quelque chose de très correct et infiniment plus facile à manipuler et peaufiner que les fichiers produits par une usine à gaz raffinant du PDF automatiquement, largement utilisés par des prestataires autoproclamés spécialistes de l’epub… ;-)
Les questions d’héritage et cie sont des faux problèmes, c’est très possible d’utiliser cela avec ID ou Scribus via les CSS externes.Là où je vous rejoins, c’est dans l’absolue nécessité de faire un dernier passage dans un logiciel manipulant correctement l’epub : Oxygen, par exemple (qui fera aussi la validation via epubCheck).
Là ou je vous rejoins également c’est dans la critique de l’absurdité de la communication d’Adobe qui consiste à dire “cliquez et s’est prêt !”.Mais il est plus créatif pour un éditeur ne voulant pas normaliser à outrance sa production, de laisser toute latitude aux metteurs en pages : il serait trop long de rentrer dans le débat XML pivot vs MEP pivot, mais c’est bien avec un logiciel de mise en page que l’on peut faire appel aux compétences des graphistes, typographes, etc., et à des finesses de mise en page impossibles à réaliser autrement (approches, coupes, travail sur les cheminées, fin de paragraphes, exergues et citations, rapport texte/image, etc.). Impossible parce que dépendant d’une mise en page fixe, volontairement figée.
On travaille pour le papier en statique alors que pour l’epub (reflow) nous sommes en dynamique : cela change de tout au tout la notion même de page. Je ne mets pas de hiérarchie entre les deux mais impose aux prestataires de donner le meilleurs d’eux-mêmes que la mise en page soit statique ou dynamique. Il s’avère que les résultats (je parle de qualité et de rapport au contenu) sont bien meilleurs et le flux plus simple à organiser de statique vers dynamique. D’autres font l’inverse mais c’est un vieux débat qui existe depuis le SGML… (En fait, un mix en parallèle est assez idéal mais complexe à organiser industriellement)Cela passe bien sûr par une formation spécialisée des metteurs en page pour leurs faire comprendre de quoi est fait le numérique… et aux codeurs de quoi est fait un livre (parce que là aussi, il y a beaucoup à dire !).
Bref, si on est dans le cadre d’une édition purement numérique, avec Oxygen, par exemple, on se passe très bien de Indesign et consort. Si on doit récupérer de vieux fichiers mal formés, on s’en passe aussi et un soft comme Izako Studio (bonjour Salev…) fera très bien son travail. Mais si on veut faire du cousu main multisupport, avec un travail très fin sur le papier, il n’est pas aberrant, loin de là, d’utiliser les logiciels de mise en page. (Et si Adobe vous file des boutons, Scribus s’améliore de jour en jour…).
Rien ne doit être totalement automatique : autant faire en sorte que les compétences des metteurs en page et des “codeurs” s’additionnent plutôt qu’elles ne se remplacent… la littérature ne s’en portera que mieux !
Cedric Gémy
Je suis moi-même favorable aux logiciels libres et développeur de Scribus et d’Inkscape. Il n’en reste pas moins que l’équipe de Scribus en reste pourtant au PDF, dont ils améliorent grandement le support mais le discours est différent pour Epub. Le passage par Sigil et Calibre est donc obligatoire. Bien un fichier Scribus est du XML et il existe déjà de nombreuses tentatives de faire des convertisseurs. J’ai déjà formé plusieurs imprimeurs à ces changements et tous n’utilisaient pas du libre. Dans tous les cas, libre ou pas libre, le conseil a donné est vraiment de clarifier le flux de production et de s’y tenir, sinon le travail devra être refait à chaque fois ce qui est chronophage.
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Cedric Gémy
Il me semble que le secret est peut-être d’essayer de se passer autant que possible de ces plateformes qui abusent de leur position pour imposer des conditions insoutenables, avec l’argument éventuel de la protection par DRM ou du suivi.
En prenant les choses un peu différemment, les auteurs peuvent eux-mêmes se vendre sur ces plateformes, sans passer par les éditeurs. Ce qui ne rend pas la situation meilleure. En revanche, la distribution est changée beaucoup plus que l’édition dans le modèle numérique. Les éditeurs peuvent posséder leur propre plateforme de vente en ligne, ou encore choisir celles qu’ils souhaitent utiliser, ou encore se regrouper… Les possibilités sont multiples. En lançant “ebooks du monde” nous espérons donner cette chance aux petits éditeurs en valorisant la distribution par le biais du site à seulement 10 à 20% du prix du livre électronique. Cela laisse 80% pour auteurs et éditeurs soit un peu plus de 5 euros pour un livre à 7. La donne est donc complètement changée et même si ce site aura moins de visibilité, le jeu peut en valoir la chandelle.
On pourrait imaginer des modèles avec des auteurs mieux rémunérés, ou encore supporter l’édition papier des ouvrages au succès incertain mais qui se seraient bien comportés en version électronique.