• Sommaire

    • [+]Préliminaires (3)
    • [+]Introduction (4)
    • [+]Amérique latine (13)
    • [+]Afrique subsaharienne (9)
    • [+]Monde arabe (11)
    • [+]Russie (11)
    • [+]Inde (11)
    • [+]Chine (9)
    • [—]Conclusions (6)
    • [+]Annexes (1)

Conclusions

Conclusions

Recherche et Développement: un laboratoire pour les éditeurs du Sud

Si les pays du Sud manifestent des difficultés au moment de produire des infrastructures et des savoirs qui s’harmonisent avec les possibilités locales, c’est parce que, dans une grande mesure, la variable Recherche et Développement (R&D) manque ou est insuffisante. Cela fait des dizaines d’années que les États et les compagnies de l’hémisphère nord investissent dans ce domaine, ce qui explique leur énorme supériorité industrielle [1]. La Chine est peut-être le pays en développement à l’avoir compris le plus rapidement, et elle destine actuellement des sommes considérables à la production de technologies conçues pour ses propres projets. Les autres pays du Sud, il est vrai, ne disposent pas toujours des fonds nécessaires pour imiter la stratégie chinoise, mais il existe aussi des formes alternatives de renforcer la R&D en utilisant des ressources déjà disponibles. De fait, dans toutes les régions examinées au cours de cette étude, existent des laboratoires et des centres d’expérimentation – tant publics que privés – qui peuvent jouer un rôle clé dans la reconversion de l’industrie éditoriale.

Nos propositions à ce sujet sont les suivantes :

Dans un premier temps, vu l’envergure de centres comme ictQatar ou Qatar Foundation – parmi beaucoup d’autres qui, à ce jour, ne semblent pas avoir maintenu d’étroites relations avec les maisons d’édition –, il serait utile d’établir un mapping exhaustif de ces centres dans l’ensemble des 6 régions étudiées.

Sachant qu’il existe, dans les pays développés, des entités de R&D, ainsi que d’autres institutions qui peuvent se montrer ouvertes à une collaboration avec cette initiative, il conviendra donc d’intégrer au travail de mapping la localisation de potentiels alliés au Nord.

Troisièmement, il ne serait pas vain de lancer un appel à des programmeurs qui contribueraient de manière désintéressée à mettre en œuvre des solutions techniques. L’exemple des communautés qui créent des solutions open source pour WordPress ou Joomla constitue un précédent de grande valeur.

Notre suggestion finale – peut-être la plus importante dans le cadre de cette enquête – est que l’Alliance internationale des éditeurs indépendants mette également sur pied son propre laboratoire, une unité compacte et dynamique qui puisse collaborer avec le plus grand nombre possible de maisons d’édition du Sud, par le biais des activités suivantes :

  1. Tenir à jour un blog contenant des informations actualisées sur les nouvelles technologies, en particulier des informations provenant des régions en développement. Les articles devraient être disponibles au moins en français, anglais et espagnol.
  2. Sur ce même site web, réserver un espace qui serve de fenêtre d’accueil pour réceptionner les problèmes techniques exposés par les éditeurs.
  3. Réaliser les mappings mentionnés plus haut.
  4. Superviser la mise en relation des centres de R&D du Sud et du Nord, ainsi que soutenir la communauté de programmeurs ad honorem, afin de résoudre les problèmes techniques exposés par les éditeurs. Les solutions mises en œuvre – scripts, plugins, etc. – pourront être distribuées avec une licence de software libre.
  5. Organiser les différentes initiatives de formation et de networking professionnel décrites plus haut.
  6. Enrichir périodiquement l’enquête sur l’édition numérique afin d’y ajouter des acteurs, des perspectives et d’autres éléments qui pourraient aussi être incorporés au blog – par exemple, des statistiques actualisées, des entretiens avec des éditeurs ayant réalisé des essais avec les technologies numériques, etc.
  7. Pour la mise en œuvre de toutes ces actions, qu’il ne pourra pas assurer seul, le laboratoire aura la possibilité d’élaborer des rapports ad hoc qui seront envoyés aux gouvernements, aux entreprises et aux organisations non-gouvernementales, dans le but de parvenir à un changement positif et efficace. Ces initiatives – dont certaines ont déjà été mentionnées – impliquent des dimensions à la fois techniques, juridiques, marketing et politiques, et pourront être amplifiées au fur et à mesure que progressera le travail du laboratoire. Nous nous référons en particulier aux nécessités suivantes :
    1. stimuler l’installation de points d’impression POD ;
    2. accélérer la numérisation des catalogues ;
    3. encourager la standardisation des métadonnées ;
    4. multiplier les moyens de paiement et d’encaissement ;
    5. fixer une TVA différentielle pour les livres électroniques ;
    6. obtenir des tarifs réduits pour les maisons d’édition du Sud qui utilisent du software propriétaire ;
    7. obtenir des conditions commerciales de distribution numérique qui soient équitables ;
    8. aider les professionnels qui n’obtiennent pas de numéro ISBN pour des raisons liées à la censure à trouver un autre type d’identification pour distribuer leurs œuvres numériques.

Pour faire face à ce programme ambitieux – dont la complexité réside non seulement dans les questions techniques, mais aussi dans un intense travail de networking et lobbying –, le laboratoire devra compter au minimum avec un éditeur numérique du Nord et un autre du Sud, ainsi qu’avec un programmeur et un web designer. Vu les coûts dérivant de la structure et des activités décrites, il sera indispensable d’avoir recours à des institutions alliées qui puissent contribuer financièrement au plan d’action à moyen et long terme.


Notes    
  1. Cf. Unesco Science Report 2010, UNESCO Publishing, 2010, p. 4 et suivantes.
Conclusions

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