• Sommaire

    • [+]Préliminaires (3)
    • [+]Introduction (4)
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    • [+]Afrique subsaharienne (9)
    • [+]Monde arabe (11)
    • [+]Russie (11)
    • [—]Inde (11)
    • [+]Chine (9)
    • [+]Conclusions (6)
    • [+]Annexes (1)

Inde

Les maisons d’édition indiennes et l’expérimentation avec les outils numériques

Il faut signaler que, pour les maisons d’édition indiennes, l’expérimentation avec les nouvelles technologies n’est pas perçue comme une option exotique, mais comme une précieuse opportunité. Sur son portail, un éditeur au parcours important comme Pustak Mahal se proclame le « plus grand éditeur de livres de distribution massive de l’Inde » et, simultanément, « le premier éditeur indien qui travaille numériquement, dans tous les aspects possibles ». Il est vrai que sa page web inclut le moteur de recherches de Google Books pour tous ses titres, qui se vendent au format papier sur des sites comme Infibeam ou A1books, et au format e-book sur le Kindle Store d’Amazon [1].

De son côté, Tulika – une prestigieuse maison d’édition de livres pour enfants basée à Chennai – a récemment élaboré des applications pour 3 de ses titres, conjointement à Fliplog, une plate-forme d’apps appartenant à l’entreprise locale Apptility. Ainsi, le livre interactif Ekki Dokki est déjà disponible en version bilingue – anglais/hindi – pour l’iPad [2], et il pourrait bientôt être disponible dans d’autres formats. Dans ce contexte, un commentaire formulé en 2003 par Radhika Menon – la directrice de Tulika – s’avère complètement prémonitoire :

Un des grands problèmes que nous avons avec les livres, c’est de trouver où les stocker. En Inde, il y a des écoles qui n’ont pas de murs ; comment alors les élèves peuvent-ils avoir accès aux livres ? S’il y avait un ordinateur quelque part et que les enfants pouvaient aller là pour lire… peut-être que cela aiderait. De fait, il y a en Inde des régions très isolées qui disposent déjà d’une connectivité, ce qui a eu pour conséquence un progrès notable en termes d’alphabétisation. Je n’écarterais donc pas la possibilité d’utiliser des livres électroniques. (…) Il est clair que j’ai un point de vue différent : je ne pense pas tellement à la classe sociale supérieure ou au marché que représente l’élite, mais à un secteur beaucoup plus vaste, celui des bases. Il me semble que là, la technologie peut jouer un rôle fondamental [3].

De la même manière, de nombreuses maisons d’édition qui publient des audiolivres en CD, DVD et même sur cassettes, se sont mises peu à peu à utiliser les téléchargements en ligne comme mode de distribution. L’une d’entre elles est Karadi Tales, qui ne vend pas seulement des titres sur mp3 [4], mais aussi des contenus au format Flash qu’elle appelle des « vidéolivres » [5].

De plus en plus nombreuses sont également les maisons d’édition à avoir recours à l’impression POD. L’une d’entre elles, CinnamonTeal, fondée en 2007, a édifié à partir de la ville de Goa tout un système d’autoédition autour de cette nouvelle technologie. Son directeur, Leonard Fernandes, élu en 2010 éditeur indien de l’année par le British Council [6], considère que l’impression à la demande constitue très clairement un avantage :

L’impression POD a un grand potentiel en Inde si l’on considère l’énorme diversité du pays. Les gens ont des langues, des dialectes, des coutumes, des traditions, des festivals différents : autant dire de très nombreuses expériences à partager. Ces expériences peuvent parvenir à intéresser un petit secteur de la société, ce qui fait qu’elles ne sont pas viables pour l’édition traditionnelle, mais tout à fait appropriées pour l’édition à la demande [7].

S’il s’avère intéressant d’étudier les cas d’éditeurs qui ont recours à des prestataires et à des technologies qui, pour ainsi dire « sont déjà sur place » – créateurs d’applications, distributeurs numériques ou centres d’impression à la demande –, il est encore plus frappant de découvrir qu’en Inde certains éditeurs de livres imprimés réalisent leurs propres développements informatiques. New Horizon Media (NHM) en est un exemple incontournable. Label fondé à Chennai en 2004, il est parvenu à constituer en quelques années un catalogue qui compte 1 100 titres en 3 langues différentes : anglais, tamoul et malayalam. Dans un sous-domaine de sa page web, NHM héberge différents outils de téléchargement gratuit qui facilitent énormément le travail d’écriture sur écran des personnes utilisant des langues régionales [8].


Notes    
  1. On notera que la version imprimée d’un livre comme Three Shades of Green coûte moitié moins cher que son équivalent électronique.
  2. Cf. “Ekki Dokki – English/Hindi Bilingual Book”, iTunes Preview.
  3. Cf. Rosario, Brigitte : “Online Publishing? No Thanks, Says Writers, Publishers”, eHome Makers, 4 décembre 2003.
  4. Cf. “Charkha Audiobooks MP3”, Karadi Tales.
  5. Cf. par exemple : “From Karadi Tales Heritage”, Karadi Tales.
  6. Cf. “YCE – Publishing Award”, British Council.
  7. Cf. Kumar, Jaya : “Cinnamonteal-On Demand printing”, My Bangalore, 9 février 2009.
  8. Pour une analyse lucide des difficultés liées à l’utilisation des caractères dans ces langues, cf. John, Gautam : “Thoughts on Unicode in India”, Gautam John’s Blog, 21 février 2011.

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